T'es nostalgique des après-midi passés devant un écran cathodique à attendre que ton jeu charge pendant quinze minutes ? Tu fantasmes sur l'idée de claquer 300 € pour une machine qui faisait tourner Lemmings en 16 couleurs ? Bienvenue dans l'univers merveilleux du rétro-computing, où la RAM se compte en kilo-octets et où un disque dur de 20 Mo était un luxe de bourgeois.

Mais entre les légendes immortelles et les has-been pathétiques, comment s'y retrouver ? Quels sont les ordis vintage qui valent vraiment le détour en 2025, et lesquels feraient mieux de rester au fond du grenier de tes parents ?

Sors tes disquettes 5"¼, on plonge dans la tier list définitive des ordinateurs qui ont marqué l'histoire de l'informatique. Spoiler : ton premier PC sous Windows 95 n'est pas dans la liste.

La tier list finale

Tier S : les légendes immortelles

Commodore 64 : le GOAT incontesté

L'anecdote : Jack Tramiel, fondateur de Commodore, avait une philosophie simple : « Computers for the masses, not the classes ». En 1983, il casse le marché en descendant le prix à 250 $ et accapare 30 à 40 % du marché américain.

La date clé : 1982 – Lancement à 595 $, record Guinness du best-selling computer model jamais vendu.

Pourquoi tier S : 12 à 17 millions d'unités vendues, chipset SID révolutionnaire, catalogue de jeux cathédrale. Le C64 est le Michael Jordan du rétro-computing. Point final.

Prix 2025 : 150-300 € occasion, 700 € neuf en boîte.

Apple II : celui qui a tout inventé

L'anecdote : En 1979, VisiCalc (le premier tableur de l'histoire) débarque sur Apple II. Résultat : des entreprises entières achètent des Apple II uniquement pour faire tourner VisiCalc. Un ordinateur remplace une armée de comptables.

La date clé : 16 avril 1977 – Dévoilé au West Coast Computer Faire, premier PC préassemblé grand public.

Pourquoi tier S : A inventé le concept de « personal computer » accessible. Sans lui, Apple n'existerait plus. 5 à 6 millions d'unités vendues, conquête éducative massive (programme « Kids Can't Wait »).

Prix 2025 : 400-800 € fonctionnel, 2 000 € neuf.

IBM PC 5150 : le père de ton PC actuel

L'anecdote : IBM a commis une « erreur » stratégique monumentale en rendant l'architecture ouverte. Résultat : Compaq, Dell, HP... Tous les géants du PC moderne sont nés parce qu'IBM a laissé la porte ouverte.

La date clé : 12 août 1981 – Annonce au Waldorf Astoria Hotel, New York.

Pourquoi tier S : A standardisé le PC mondial. Ton PC Windows actuel est un descendant direct du 5150. L'architecture x86, le BIOS... Tout vient de là.

Prix 2025 : 500-1 500 € complet, 3 000 € neuf.

Tier A : les iconiques cultes

Macintosh 128K : la révolution GUI

L'anecdote : 24 janvier 1984, Steve Jobs sort un Mac d'un sac. La machine s'allume et parle : « Hello, I'm Macintosh. It sure is great to get out of that bag. » La foule devient dingue.

La date clé : 1984 – Premier ordinateur grand public avec interface graphique, fenêtres, icônes, souris.

Pourquoi tier A : Échec commercial (128 Ko de RAM insuffisants, prix prohibitif à 2 495 $), mais victoire culturelle totale. Toutes les interfaces modernes lui doivent tout.

Prix 2025 : 200-400 € occasion, 1 500 € neuf scellé.

iMac G3 Bondi Blue : le design qui a sauvé Apple

L'anecdote : En 1997, Apple perd 1 milliard $/an. Steve Jobs revient et dévoile l'iMac G3 en mai 1998. Message marketing : « There's no step 3 ! ». Résultat : 800 000 iMac vendus en 139 jours. Apple redevient rentable.

La date clé : 6 mai 1998 – Lancement de la machine translucide qui a ressuscité Apple.

Pourquoi tier A : Premier ordinateur « design object » grand public. A prouvé que le design pouvait vendre un ordi. Nostalgie totale (ta salle info au collège en 2000).

Prix 2025 : 50-150 € usage, 300 € couleurs rares.

Amiga 500 : le roi underground

L'anecdote : En 1987, pendant que les PC IBM affichaient 16 couleurs, l'Amiga 500 balançait 4 096 couleurs simultanées avec son stéréo 8-bit sur quatre voix. Des groupes comme Spaceballs faisaient du raytracing en temps réel sur un 68000 à 7 MHz. Techniquement impossible, mais ils l'ont fait.

La date clé : 1987 – Lancement à 4 490 francs (~685 €).

Pourquoi tier A : A inventé la demoscene et le format MOD (ancêtre de toute la musique électro underground). Catalogue de jeux culte (Lemmings, Shadow of the Beast). Technologie de pointe sous-estimée.

Prix 2025 : 150-250 € fonctionnel, 350-400 € boîte complète.

Tier B : les héros de niche (mais cultes quand même)

Atari ST 520 : la workstation des musiciens

L'anecdote : L'Atari ST avait des ports MIDI intégrés (IN/OUT) en façade. Dans les années 80-90, tous les studios de musique électro tournaient sur Atari ST. Cubase est né sur cette machine avant d'être porté sur Mac/PC.

La date clé : 1985 – Standard MIDI des studios électro.

Pourquoi tier B : Héros de niche. Excellent pour la musique et la bureautique, mais écrasé par l'Amiga sur les jeux. Communauté passionnée mais limitée.

Prix 2025 : 100-200 € fonctionnel, 250 € avec setup MIDI.

ZX Spectrum : le culte UK inébranlable

L'anecdote : En 1982, le Spectrum coûtait 125 £ contre 399 £ pour un BBC Micro. Résultat : toute une génération de bedroom coders britanniques de 12 ans qui codaient des jeux dans leur chambre. Manic Miner, Jet Set Willy... Des légendes nées sur Spectrum.

La date clé : 23 avril 1982 – Lancement UK, 5 millions d'unités vendues.

Pourquoi tier B : Monument de la culture britannique, mais n'a jamais percé en dehors du UK. Clavier rubber keys iconique mais diviseur. Nice-to-have, pas must-have.

Prix 2025 : 60-100 £ UK, 100-150 € France.

Amstrad CPC 464 : le chouchou français

L'anecdote : En 1984, Alan Sugar (fondateur Amstrad) débarque en France avec une machine clé en main : ordi + moniteur couleur + lecteur cassette intégré pour 4 000 francs. Résultat : 20 000 CPC vendus par mois en France à partir de 1985. Tous les gamins français nés entre 1975 et 1985 ont joué à Roland in the Caves sur CPC.

La date clé : Septembre 1984 – Lancement France, succès hexagonal massif.

Pourquoi tier B : Héros national français, mais techniquement inférieur au C64/Amiga (16 couleurs max, son basique). Nostalgie personnelle, pas aura internationale.

Prix 2025 : 80-150 € avec moniteur, 250 € boîte complète.

Guide d'achat rapide : quelle machine pour toi ?

Débutant : iMac G3 (50-150 €, plug-and-play, iconique) ou Commodore 64 (communauté active, catalogue immense).

Intermédiaire : Amiga 500 (demoscene, pixel art, MOD) ou Atari ST (setup MIDI vintage).

Expert : Apple II, Mac 128K, IBM PC 5150 (valeur patrimoniale, rares, chers).

Puriste nostalgique : ZX Spectrum (UK) ou Amstrad CPC 464 (France).

Faut-il craquer (spoiler alert - oui) ?

Soyons honnêtes. Acheter un ordinateur vintage en 2025, c'est complètement irrationnel. Ton smartphone a 100 000 fois plus de puissance qu'un Commodore 64. Mais rien ne remplace le feeling d'allumer un vrai CRT, d'entendre le cliquetis d'un lecteur de disquette, ou de sentir l'odeur de plastique chaud d'un Amiga qui tourne depuis trois heures.

Les ordinateurs vintage, ce n'est pas de la collection rationnelle. C'est de la madeleine de Proust numérique. C'est retrouver l'émerveillement de tes 10 ans quand un écran cathodique affichait 16 couleurs et que tu trouvais ça magique.

Alors oui, la nostalgie vaut 300 €. Mais choisis bien ta machine. Parce que dans 20 ans, quand tu revendras ta collection, seuls les tier S et A prendront de la valeur. Les tier B resteront des curiosités de niche.

Maintenant, sors ta carte bleue et va traîner sur Leboncoin. Ton Commodore 64 t'attend quelque part dans le grenier d'un quinquagénaire nostalgique.