Apple Newton MessagePad : l'échec génial qui a préfiguré l'iPad (guide collector 2025)

Apple Newton MessagePad : l'échec génial qui a préfiguré l'iPad (guide collector 2025)
Apple Newton (1993-1998) : MessagePad, eMate, stylus digital ink, Newton OS. L'ère des PDA Apple avant l'iPhone. Rainbow logo, translucent green, innovation pure. Le tablet visionnaire dans toute sa gloire vintage tech.

En 1993, Apple a lancé un appareil révolutionnaire qui allait changer le monde de l'informatique mobile. Sauf que personne ne l'a compris sur le moment. Le Newton MessagePad, premier PDA à écran tactile et reconnaissance d'écriture, a été moqué, parodié, ridiculisé pendant cinq ans avant d'être tué par Steve Jobs lui-même en 1998.

Spoiler : quinze ans plus tard, Apple sortait l'iPad. Même concept, timing différent.


Le projet qui a commencé en 1987 pour sortir en 1993

L'histoire du Newton commence en 1987 quand Steve Sakoman, ingénieur chez Apple, se met en tête de créer un ordinateur tablette de la taille d'une feuille A4 pliée. Il veut y mettre un logiciel de reconnaissance d'écriture cursive et le vendre au prix d'un ordinateur de bureau.

Le projet s'appelle "Newton" en référence au logo original d'Apple qui montrait Isaac Newton assis sous un pommier. Parce qu'apparemment, nommer votre produit d'après un génie de la physique garantit qu'il sera génial. (Spoiler : non.)

Sakoman réunit une équipe qui s'installe hors des locaux d'Apple, dans un entrepôt de Cupertino. Classique manœuvre "skunkworks" pour innover loin de la bureaucratie corporate. Le projet va durer six ans.

Six. Ans.

Pour contexte, Palm sortira le Pilot en 18 mois. Mais on ne va pas spoiler la fin tout de suite.


Le pari de la cave à vin

En 1993, Gaston Bastiaens, un des dirigeants d'Apple, fait un pari avec un journaliste à Hanovre, Allemagne. L'enjeu ? Sa cave à vin bien équipée, valant des milliers de dollars. Le défi ? Sortir le Newton avant la fin de l'été 1993, à moins de 1000$.

Bastiaens aimait vraiment son vin, apparemment, parce qu'il a poussé toute la production pour respecter la deadline. Le Newton sort le 2 août 1993. Bastiaens garde sa cave. L'appareil coûte 699$.

Techniquement, il a gagné. En pratique, le Newton n'était pas vraiment prêt.


2 août 1993 : la démonstration catastrophique

Macworld Boston. John Sculley, CEO d'Apple, dévoile le Newton MessagePad. C'est censé être "une nouvelle révolution dans l'histoire de l'informatique". Sauf qu'il y a un petit problème.

Le premier prototype de démo ne s'allume pas.

Sur scène. Devant les journalistes. Devant toute l'industrie tech.

Heureusement, le second prototype fonctionne. Mais le timing est catastrophique : Sculley annonce un produit qui ne sortira que 14 mois plus tard. Erreur fatale numéro un : montrer quelque chose qui n'existe pas encore.

Quand le Newton arrive enfin dans les magasins le 3 août 1993, il coûte 699$ (environ 1500$ d'aujourd'hui). Pour un appareil qui fait carnet d'adresses, agenda, mémos et calculatrice.

Ah, et il ne fonctionne pas très bien.


Les specs qui impressionnaient (sur le papier)

Apple Newton MessagePad H1000 (août 1993) :

  • Processeur ARM 610 RISC à 20 MHz (révolutionnaire pour l'époque)
  • 640 Ko de RAM (oui, kilo, pas méga)
  • Écran monochrome 336 x 240 pixels, tactile résistif
  • 4 piles AAA (qui duraient environ une semaine)
  • Newton OS 1.0
  • Dimensions : 184 x 114 x 20 mm
  • Poids : 484 grammes sans les piles
  • Stylet en plastique noir
  • Prix : 699$ (1500$ actuels)

L'ARM 610 était une prouesse technique. C'est le même type de processeur qu'Apple utilise aujourd'hui dans les iPhone et Mac M1/M2/M3. En 1993, c'était visionnaire. Le Newton était le premier PDA grand public avec un processeur ARM.

Le problème ? Le logiciel n'était pas à la hauteur du matériel.


"Catching on?" → "Egg freckles" : le désastre de la reconnaissance d'écriture

La fonctionnalité phare du Newton ? La reconnaissance d'écriture manuscrite. Vous écriviez avec le stylet sur l'écran, et l'appareil transformait ça en texte. Révolutionnaire. Génial. Futuriste.

Sauf que ça ne marchait pas.

Enfin, ça marchait un peu. Il fallait entraîner le Newton à reconnaître votre écriture. Le système apprenait au fur et à mesure. Il pouvait reconnaître l'écriture cursive et les lettres en capitales. Il avait 10 000 mots dans son dictionnaire et pouvait en apprendre de nouveaux.

Impressionnant pour 1993. Mais en pratique, le taux d'erreur était... créatif.


Entre Garry Trudeau et Doonesbury

En août 1993, le dessinateur Garry Trudeau consacre une semaine entière de strips Doonesbury à se moquer du Newton. Dans une case devenue légendaire, le personnage Michael Doonesbury écrit "Catching on?" (Ça prend ?)

Le Newton traduit : "Egg freckles" (Taches de rousseur d'œuf).

Cette expression devient immédiatement le symbole des problèmes du Newton. C'est tellement marquant qu'Apple intègre plus tard un easter egg dans Newton OS 2.0 : taper "egg freckles" affiche le strip de Doonesbury.

Imaginez la douleur des ingénieurs. Votre produit est tellement moqué que vous intégrez la blague dans le système d'exploitation.

Les Simpson enfoncent le clou

Newton handwriting recognition : Tu écris 'Eat up Martha', ça lit 'Elf tug Marduk'. The Simpsons a moqué ce fail en 1995 et a tué la réputation du Newton. Le meme qui a coûté des millions à Apple.

En 1994, l'épisode "Lisa on Ice" des Simpsons finit d'enterrer la réputation du Newton. La brute Dolph demande à son pote de "prendre note sur ton Newton" : "Beat up Martin" (Frappe Martin).

Le Newton traduit : "Eat up Martha" (Mange, Martha).

Rires enregistrés. Générique. Game over.


Les vraies raisons de l'échec (ce n'était pas juste l'écriture)

Contrairement à la légende, la reconnaissance d'écriture n'était pas catastrophique. Elle était juste... pas assez bonne pour le prix demandé. Mais ce n'était pas le seul problème du Newton.

1. Le prix prohibitif

699$ en 1993, c'est le prix d'un ordinateur de bureau correct. Pour un carnet d'adresses électronique glorifié, c'était absurde. À titre de comparaison, le Palm Pilot sortira en 1996 à 299$.

2. La taille et le poids

Le Newton H1000 pesait presque 500 grammes. C'était l'équivalent d'une cassette VHS. Palm prouvera trois ans plus tard qu'un PDA doit tenir dans une poche de chemise, pas dans un sac à dos.

3. Pas de batterie rechargeable

Le Newton fonctionnait avec 4 piles AAA. En 1993. Quand vous utilisiez le port PCMCIA ou le modem, les piles se vidaient en quelques heures. Il fallait toujours avoir des piles de rechange.

4. Le positionnement flou

Le Newton voulait être un ordinateur de poche complet. Traitement de texte, tableur, fax, email, web. Trop ambitieux pour la technologie de l'époque. Palm comprendra qu'il faut faire simple : agenda, contacts, mémos, to-do. Point barre.

5. John Sculley

Le Newton était le "Macintosh de Sculley". Son projet personnel pour laisser sa marque chez Apple, comme Jobs avait le Mac et Woz l'Apple II. Quand Sculley quitte Apple en 1993, le Newton perd son champion interne. Quand Jobs revient en 1998, il tue le projet. Vengeance personnelle ou décision business ? Probablement les deux.

1998 : Steve Jobs revient chez Apple. Première action : ANNULER le Newton. 'On se concentre.' Le massacre nécessaire qui a sauvé Apple mais tué le futur. Tough love level 1000.

L'évolution : du catastrophique au génial (que personne n'a acheté)

Entre 1993 et 1998, Apple sort huit versions du Newton. Et honnêtement, les dernières étaient vraiment bien.

MessagePad 100/110 (1994) - 699-899$

  • Correction de milliers de bugs du H1000
  • Meilleure reconnaissance d'écriture (Newton OS 1.3)
  • Toujours monochrome, toujours des piles AAA
  • Ajout d'un rétroéclairage sur le 110
Newton MessagePad 100 (1993) : Le premier tablet. Rainbow Apple logo, écran tactile au stylet, infrarouge pour partager des contacts. Pure Y2K tech avant l'heure. Le futur dans une boîte grise.

MessagePad 120/130 (1995-1996) - 699-999$

  • Newton OS 2.0 : reconnaissance d'écriture enfin utilisable
  • 1 Mo de RAM (le double !)
  • Rétroéclairage décent sur le 130
  • Support de cartes PCMCIA pour extension mémoire et modem

MessagePad 2000 (1997) - 899$

  • Le game changer qui arrive trop tard
  • Écran 480 x 320 pixels, 4,9 pouces
  • 16 niveaux de gris (enfin !)
  • Processeur StrongARM 162 MHz (8x plus rapide)
  • 4 Mo de RAM minimum, upgradable à 8 Mo
  • Newton OS 2.1 : reconnaissance d'écriture qui fonctionne vraiment
  • Dimensions : 210 x 118 x 29 mm
  • Internet, email, fax intégrés

MessagePad 2100 (1997-1998) - 999-1199$

  • Version finale et meilleure du Newton
  • 8 Mo de RAM standard
  • Même écran et processeur que le 2000
  • Applications de qualité professionnelle
  • Vendu principalement au secteur médical
MessagePad 2000 (1997) : Écran plus grand, design plus sleek, performance améliorée. Le Newton à son apogée. Late 90s PDA energy maximale. Le tablet perfectionné.

eMate 300 (1997-1998) - 799$

  • Version "laptop" du Newton dans un boîtier translucide vert pomme
  • Design par Jonathan Ive (qui fera plus tard l'iMac)
  • Écran rétroéclairé
  • Clavier intégré
  • Destiné aux écoles américaines
  • Batterie rechargeable qui tenait 28 heures (!)
  • Tué par Jobs avant de vraiment percer
eMate 300 : TRANSLUCENT GREEN clamshell Newton avec clavier. Peak Y2K translucent aesthetic. Le Newton le plus cool jamais créé. La beauté du see-through design années 9

Le MessagePad 2100 était objectivement bon. La reconnaissance d'écriture fonctionnait. L'écran était lisible. Le processeur était rapide. Les applications étaient utiles.

Mais personne n'en voulait.


Les chiffres qui font mal

Sur toute sa durée de vie (1993-1998), le Newton a vendu environ 200 000 unités. Toutes versions confondues.

Pour rappel, Palm a vendu 350 000 Pilot en six mois en 1996. Un million en 18 mois.

Newton stylus : L'écriture digitale avant les écrans capacitifs. Le geste du stylet sur l'écran, digital ink en temps réel. Y2K tech magic. L'interface qui a inspiré l'Apple Pencil 20 ans plus tard.

L'échec commercial du Newton est absolu. En 1995, Apple doit faire des rebates (remises) pour écouler les stocks de MessagePad 120. En 1997, Apple tente de sauver le Newton en créant une filiale dédiée, Newton Inc.

Trop peu, trop tard.


Février 1998 : Steve Jobs tue le Newton

Quand Steve Jobs revient chez Apple fin 1997, il fait le ménage. Toute la gamme de produits est drastiquement réduite. Des dizaines de modèles Mac disparaissent. Le Newton est sur la liste.

En février 1998, c'est officiel : le Newton est arrêté. Pas de successeur. Pas de transition. Mort.

Les raisons officielles ? Apple doit se concentrer sur moins de produits, mieux exécutés. L'iMac arrive. Le PowerBook G3 arrive. L'iPod arrivera en 2001. Pas de place pour le Newton.

Les raisons officieuses ? Jobs n'a jamais aimé le Newton. C'était le bébé de Sculley, son ennemi juré qui l'avait viré d'Apple en 1985. Vengeance froide, servie après 13 ans.


L'ironie : Jobs devait avoir tort

En 2010, Apple sort l'iPad. Tablette tactile, reconnaissance d'écriture (via l'Apple Pencil en 2015), processeur ARM, écosystème d'apps, synchronisation avec l'ordinateur.

C'est exactement le Newton. Avec 17 ans de technologies en plus. Et un timing parfait.

Le Newton avait raison. Il était juste en avance de deux décennies.


Ce que le Newton dit de nous (le point socio)

Le Newton est fascinant parce qu'il incarne parfaitement le décalage entre vision technologique et réalité du marché.

L'hubris de la Silicon Valley

Apple en 1993 pense pouvoir forcer le futur. Six ans de développement, des millions investis, un CEO qui met sa réputation dans la balance. Le Newton doit réussir parce qu'Apple l'a décidé.

Sauf que le marché n'était pas prêt. Les gens ne voulaient pas porter 500 grammes dans leur poche. Ils ne voulaient pas payer 700$ pour un agenda électronique. Ils ne voulaient pas entraîner un algorithme à reconnaître leur écriture.

Palm l'a compris en observant les échecs du Newton. Faire moins, moins cher, plus simple.


Le marketing qui tue le produit

John Sculley annonce le Newton 14 mois avant sa sortie. 14 mois pendant lesquels l'industrie tech construit des attentes démesurées. "Une révolution", "Le futur de l'informatique", "Intelligence artificielle dans votre poche".

Quand le Newton arrive, il ne peut que décevoir. Même s'il avait parfaitement fonctionné, il aurait souffert du overhype. Mais vu qu'en plus il bugue...

Leçon que Apple a retenue : ne jamais annoncer un produit avant qu'il soit prêt. L'iPhone a été annoncé en janvier 2007 et commercialisé en juin 2007. Six mois, pas 14.


La culture tech qui déteste l'échec

Le Newton a été ridiculisé pendant des années. Doonesbury, Les Simpson, tous les late shows. C'était devenu le symbole de l'échec tech pompeux.

Mais le Newton a aussi créé :

  • Les premiers processeurs ARM grand public (aujourd'hui dans 95% des smartphones)
  • Le concept de tablette tactile (iPad)
  • L'écosystème d'applications tierces (App Store)
  • La synchronisation sans fil (iCloud)
  • Les assistants intelligents (Siri)

Tous les échecs d'Apple ont servi à construire ses succès. Le Lisa ($10 000 en 1983) a donné le Mac. Le Newton a donné l'iPhone et l'iPad.

Dans la Silicon Valley, échouer n'est acceptable que si tu reviens avec un succès dix fois plus gros. Le Newton a donné l'iPad qui a généré 30 milliards de dollars en 2023.

Mission accomplie, avec 17 ans de retard.


Le marché collector aujourd'hui : combien ça vaut ?

Le Newton est un objet de collection très recherché. Contrairement au Palm qui reste abordable, les bons exemplaires de Newton se vendent cher.

Combien vaut ton Newton en 2025 ? Le guide du collectionneur" MessagePad 100 : entrée de gamme à 50-100€. MessagePad 2000 : le graal à 200-400€. eMate 300 translucide : 150-300€ de nostalgie pure. Investis dans la tech morte, c'est tendance. 

Prix constatés en 2024-2025 (eBay, sites spécialisés) :

MessagePad H1000/OMP (1993)

  • Non fonctionnel / pour pièces : 30-60€
  • Fonctionnel : 80-150€
  • Excellent état avec boîte : 150-250€
  • Attention : l'écran jaunit souvent, vérifier avant achat

MessagePad 100/110 (1994)

  • Fonctionnel : 100-180€
  • Avec boîte et accessoires : 200-350€
  • Version 110 française (rare) : 250-400€

MessagePad 120/130 (1995-1996)

  • Les plus courants du marché
  • Fonctionnel : 120-200€
  • Très bon état complet : 250-400€
  • Le 130 est plus recherché (meilleur rétroéclairage)

MessagePad 2000 (1997)

  • Le modèle à acheter si vous voulez utiliser un Newton
  • Fonctionnel : 200-350€
  • Excellent état avec clavier : 400-600€
  • Rare et très recherché par les collectionneurs

MessagePad 2100 (1997-1998)

  • Le saint graal du Newton
  • Fonctionnel : 300-500€
  • Parfait état complet : 500-800€
  • Prototype DVT (développement) : 1000-2000€

eMate 300 (1997-1998)

  • Le Newton design par Jonathan Ive
  • Fonctionnel : 200-400€
  • Excellent état : 400-700€
  • Neuf en boîte (très rare) : 800-1500€
  • Prototype transparent (ultra rare) : 2000-3000€

Modèles ultra rares :

  • MessagePad 110 transparent (conférence développeurs) : 1000-1500€
  • MessagePad 2100 DVT prototype : 1500-2500€
  • eMate transparent prototype : 2000-3500€

Accessoires recherchés :

  • Clavier portable Newton : 80-150€
  • Station d'accueil : 30-60€
  • Cartes PCMCIA mémoire : 20-50€
  • Modem PCMCIA : 15-30€
  • Étui cuir Apple d'origine : 40-80€
  • Stylet d'origine : 10-25€

Le conseil collector : Visez un MessagePad 2000 ou 2100 si vous voulez réellement utiliser le Newton. Les modèles 1993-1996 sont plus des pièces de musée que des appareils utilisables. L'eMate 300 est magnifique mais difficile à trouver en bon état (les charnières cassent).


Vérifiez toujours :

  • L'état de l'écran (jaunissement, contraste)
  • Les fuites de piles (corrosion des contacts)
  • Le fonctionnement du tactile
  • La présence du stylet d'origine

Les applications qui ne servaient à rien (mais qu'on adorait)

Newton OS avait un écosystème d'applications développé par des tiers. Pas aussi fourni que Palm OS (70 000 devs), mais respectable pour l'époque.

Les apps cultes :

  • NewtWorks : Suite bureautique avec traitement de texte et tableur (50$ en 1997)
  • NetHopper : Navigateur web (lent mais fonctionnel)
  • SimpleMail : Client email qui marchait sur PCMCIA modem
  • Newton Book Reader : Pour lire des ebooks avant que le Kindle existe
  • Games : Solitaire, Tetris, même un port de Doom (qui ramait)
  • Newton Toolkit : Pour coder ses propres apps en NewtonScript
  • Graffiti for Newton : Palm vendait son système d'écriture pour Newton !

La communauté Newton existe toujours. Des passionnés développent encore des applications en 2025. Il existe même Einstein, un émulateur Newton pour Mac, Windows et Linux.


Pourquoi certains l'utilisent encore en 2025

Oui, il existe des gens qui utilisent quotidiennement un Newton en 2025. Pas par masochisme, mais parce que le MessagePad 2000/2100 est objectivement un bon PDA pour certains usages.

Newton OS : Interface innovante avec reconnaissance de gestes, notes digitales, apps. Un OS 10 ans en avance. Les idées étaient là, la techno suivrait plus tard. Ahead of its time.

Les arguments des irréductibles :

  • Écran lisible : 480x320 en niveaux de gris, plus confortable que les vieux Palm monochromes
  • Écriture naturelle : La reconnaissance fonctionne vraiment sur les derniers modèles
  • Prise de notes : Parfait pour noter en réunion sans sortir un laptop
  • Pas de distractions : Zéro email, zéro notifs, zéro internet moderne
  • Objet de conversation : Sortir un Newton en 2025 garantit des regards intrigués
  • Déconnexion volontaire : Comme le Palm, c'est un appareil anti-smartphone

Le Newton avait aussi un système de fichiers unique appelé "Soup" qui permettait des recherches ultra-rapides. Si vous êtes du genre technique et nerd, ça vaut le coup de creuser.


Ce que le Newton nous a légué

Sans le Newton, pas d'iPhone. Pas d'iPad. Pas de processeurs ARM dans nos poches. Le Newton a tout inventé, 15 ans trop tôt.

"Newton (1993) → iPhone (2007) → iPad (2010). La vision était juste. Le timing était mauvais. 17 ans plus tard, Apple a prouvé que le concept tablet fonctionnait. The vision lives.

Héritage technique :

  • ARM : Le Newton a popularisé l'architecture ARM dans le grand public
  • Écran tactile : Premier PDA grand public tactile
  • App Store : Concept d'écosystème d'apps tierces
  • Synchronisation : Sync avec PC/Mac via cradle
  • Intelligence artificielle : Le Newton "apprenait" votre écriture

Héritage culturel :

  • Le Newton a appris à Apple que le timing compte plus que la technologie
  • Les échecs sont acceptables si vous en tirez les leçons
  • Annoncer un produit trop tôt tue le produit
  • La simplicité bat la complexité (leçon que Palm a donnée à Apple)

Héritage personnel pour ceux qui y étaient : Le Newton, c'était le moment où on a cru qu'on pouvait mettre un ordinateur dans la poche. Ça n'a pas marché en 1993. Mais l'iPhone en 2007 a prouvé qu'on avait raison d'y croire.


Verdict : faut-il collectionner le Newton en 2025 ?

OUI si :

  • Vous aimez l'histoire d'Apple et les produits cultes
  • Vous avez le budget (plus cher que le Palm)
  • Vous voulez un MessagePad 2000/2100 fonctionnel
  • Vous collectionnez les échecs qui sont devenus des succès
  • Vous voulez un eMate transparent (bonne chance)

NON si :

  • Vous cherchez un PDA réellement utilisable au quotidien (prenez un Palm)
  • Vous avez un budget limité (le Palm est 3x moins cher)
  • Vous voulez quelque chose de fiable (les Newton tombent en panne)
  • Vous détestez changer les piles AAA

Le Newton occupe une place unique dans l'histoire tech : l'échec visionnaire qui avait totalement raison, juste pas au bon moment. C'est le Concorde de l'informatique mobile. Magnifique, révolutionnaire, ruineux, et tué prématurément.

Mais contrairement au Concorde qui n'a jamais eu de successeur, le Newton a eu l'iPad. Et ça, c'est quand même une belle revanche.